Test : une douche cataclysmique

A première vue, rien de très innovant, juste une cabine vaste et très design, avec toutes les options de la balnéothérapie désormais classique. Un bel équipement certes, mais dont les apparences n'ont rien de vraiment révolutionnaires.
L'équipe de La Minute du BTP ne reculant devant aucune expérience pour informer ses lecteurs s'est donc livrée à l'épreuve test de cet équipement prometteur. Laissons donc de coté les qualités "classiques" de la cabine pour nous concentrer sur la commande, malheureusement déclinée en anglais, "Choice Auto". Huit boutons la composent. Trois sur le choix du Shampoing, deux sur celui nommé "Moisturing Care", un pour l'option "Before Cleaning", un autre pour celui portant la mention " Clean Ear" et le septième sur l'option "Dry Turbo". Le dernier, un gros poussoir rouge dont la signification indique " Stop Emergency Extract", semble n'être à utiliser qu'exceptionnellement.
Dès l'entrée dans la douche, en dépit de la diffusion d'une musique douce, on pressent l'arrivée d'un évènement. Notre fébrilité n'est pas déçue. Ayant sans discernement choisi toutes les options, la cabine ronronne sous nos pieds et, d'un seul coup, dans une succession de cliquetis, se métamorphose. A l'exception de la porte de verre au dessus de laquelle s'allume une puissante lumière rouge clignotante, toutes les parois coulissent sur elles-mêmes, laissant apparaître un enchevêtrement de bras d'inox terminés de brosses colorées et d'édicules caoutchouteux ressemblant à des doigts. L'examen de ce mécanisme est cependant vite interrompue par une explosion d'eau, venue comme par magie, de tous les côtés à la fois.
Ce n'est d'ailleurs plus
une douche: c'est une fusion océane, une cataracte, un bouillonnement
phénoménal où, à la fois noyé dans l'eau
et la stupeur, les ultimes réflexes de survie vous obligent à
placer vos mains en forme de cône sur votre bouche pour happer quelques
bouffées d'air. L'effet est saisissant et son arrêt tout aussi
brutal. Ce mouillage infernal n'a duré que quelques secondes, il laisse
certes un peu KO. A peine passé le temps de reprendre conscience que
les cliquetis redémarrent sous des jets, cette fois nettement moins violents.
Au bout de leurs bras, une dizaine de petites brosses s'avancent alors vers
vous pendant que shampoing, huiles et produits divers (que nous supposons être
des savons et des adoucissants) sont littéralement crachés sur
votre corps, jusque dans vos yeux. Alors que vous êtes recouvert d'une
épaisse mousse, les brosses se mettent à tourner violemment et
telles de grosses fraises dentaires aux pointes bigarrées viennent frotter
toutes les parties de votre corps. Rien n'y échappe, ventre, dos, reins,
torse visage, fesses. Quelques unes se montrent même très indiscrètes,
presque pénétrantes…
Dans ce fourmillement de frottements, de grattage, de ponçage, de bouchonnage démesuré, une curieuse sensation envahit alors votre tête. Ce qui paraît être d'abord la lente glissade d'un liquide visqueux et épais se met en mouvement. Une main aux mille tentacules, à la fois compulsive et animale, malaxe avec une virilité douloureuse votre crâne comme une vulgaire pâte à modeler. Une séquence shampoing efficace mais dont peut-être, beaucoup de cheveux ne sortiront pas indemnes.
Pendant ce temps, ignorée jusque là dans cette avalanche de sensations, une présence s'éveille soudain entre vos orteils. Pas de panique, on comprend vite qu'une série de jets haute pression est à l'œuvre. Une pression salvatrice bien qu'un peu forte, car vos ongles, dans un récurage infernal, sont à la limite d'exploser ou de vous abandonner.
Là, quand quelques minutes plus tard, votre corps fataliste et brisé abandonne enfin ses dernières défenses au cataclysme, la machinerie infernale s'arrête et ses bras s'escamotent. Seul un léger mais très inquiétant bruit de moteur électrique subsiste.
Ultime perfectionnement du nettoyage, deux cotons tiges, guidés semble-t-il par une intelligente cellule, viennent pénétrer alors les tréfonds de vos oreilles. Bien sûr, leurs 3500 tours minutes dans vos orifices laisseront sans doute quelques traces sanglantes. Mais, la chose est entendue, le pervers cérumen abandonnera au moins pour un temps vos pavillons ou ce qu'il en reste. Mais l'expérience continue.
Votre attention se fixe encore sur vos oreilles quand une dernière cataracte vient enfin vous noyer une deuxième fois. Las, cette fois l'affaire semble enfin terminée. Pas tout à fait car, venu des profondeurs de la cabine, le bruit d'une soufflerie se fait entendre. Le léger souffle d'air chaud vient adoucir les quelques minutes de violence. Il enfle vite, trop vite peut être. Au moins aussi vite que vos craintes car de ventilateur, il devient mistral puis cyclone. Plus une goutte ne s'accroche à votre peau qui, à certains endroits, telle une enveloppe froissée par la pression, tente désespérément d'abandonner vos muscles pour s'enfuir vers le haut. Tandis que vos pieds décollent du bac, vous réalisez qu'il est temps en fait, d'appuyer sur le seul bouton accessible et non utilisé, celui nommé "Stop Emergency Extract".
Alors, dans un infernal claquement, la porte s'ouvre, un sirène hurle, le sol se renverse, et vous atterrissez brutalement deux mètres plus loin. La lumière rouge s'éteint, le silence s'installe. Vous êtes envahi d'une douce sensation, celle d'avoir enfin un corps d'une propreté inégalée. Un corps un peu détruit mais enfin délaissé par tous les miasmes épidermiques. Un corps vivant, brillant et sec dont les quelques bleus disparaîtront sans doute dans quelques jours.
La cabine TerMat Auto bien qu'elle ressemble un peu à celle dans laquelle on lave les autos offre des sensations uniques et incomparables. Seules précautions, on y prend très vite ses habitudes et un abus multiquotidien pourrait s'avérer, quand le cœur est un peu fragile, dangereux…