En plein cœur de l'Ardèche, coincé entre une usine de chaux Lafarge, une usine de Ciments Calcia et une centrale nucléaire, un petit village résiste encore et toujours à l'envahisseur. Même si ses habitants l'ont délaissé dès la fin du XIXème pour occuper ses contrebas, ses murs tiennent le choc. Pour le repeupler, il suffirait de le réhabiliter. Renforcer par ci, reconstruire par là...

C'est ce qu'ont entrepris en commun la mairie de Cruas à qui appartient le village médiéval, l'architecte Philippe Donjerkovic, l'entreprise A. Girard et Lafarge Ciments et sa chaux. C'est en effet ce matériau qui va servir à restituer son âme d'antan à ce village perché à flanc de falaise. Le projet - datant de 1995 – s'inscrit dans un vaste plan de valorisation du patrimoine de la commune. Pour parvenir à une réoccupation des lieux tout au long de l'année, l'équipe a choisi de mixer des logements, un gîte de tourisme et de petits commerces.

La chaux et les bâtiments anciens

En début d'année prochaine sera livré un "îlot expérimental". Il accueillera des premiers locataires, des saisonniers ainsi que des maisons pour les commerçants et artisans. Après des opérations sur les toitures, les ouvriers oeuvrent actuellement à la reconstruction et l'extension de logements, pour 600 m2 de superficie. Pour la restauration des murs anciens, l'entreprise A. Girard récupère les moellons sur le site et les assemble avec de la Chaux Blanche de chez Lafarge Ciments, produite dans son usine de Cruas, à quelques centaines de mètres du site donc.

Très utilisée jusqu'au XIXème siècle, la chaux est un liant ancestral qui retrouve sa place dans les projets constructifs actuels, notamment la rénovation des bâtiments anciens. Elle permet en effet de reconstituer des mortiers traditionnels tout en respectant les supports anciens.

Laurent Perrin