La Maison Ronde en chantier : rénover sans défigurer
modernité de la France des années 60, va entreprendre sa métamorphose avec un
ambitieux programme de réhabilitation qui en fera l'un des plus grands
chantiers de Paris.
Les travaux de réhabilitation ont été confiés au cabinet Architecture Studio, créé à Paris en 1973, qui a mené de nombreux projets d'urbanisme, d'architecture et d'architecture intérieure en France et à l'étranger.
Cette équipe a repensé la distribution de la Maison Ronde à partir d'un espace central, l'atrium, qui deviendra le nouveau coeur du bâtiment. La proposition d'aménagement prolonge le parvis jusqu'à la Seine, "revalorisant l'insertion de la Maison de Radio France dans la ville et son rapport au fleuve", a indiqué l'équipe.
Les propositions avaient toutes convergé sur le souhait d'intégrer pleinement le bâtiment à la ville, à son quartier et à la Seine, sans pour autant trahir l'oeuvre originale de l'architecte de la Maison de la Radio, Henry Bernard.
Inaugurée en grande pompe par le général de Gaulle en 1963, la Maison Ronde au 116, avenue du Président Kennedy ne correspond plus aux normes actuelles de sécurité. La remise aux normes exige notamment de "désosser" les structures métalliques sur lesquelles repose le bâtiment car elles ne correspondent plus aux normes de sécurité incendie en vigueur.
Après une première phase de réhabilitation ayant notamment conduit au déménagement de France Inter dans un immeuble voisin, la seconde étape, celle des travaux de mise en sécurité et de rénovation, pourra désormais commencer.
Le chantier proprement dit débutera début 2006 après le dépôt du permis de construire à l'automne 2005 et devrait durer plus de 6 ans. Il sera un des plus importants chantiers lancés à Paris depuis des décennies avec un budget de près de 240 millions d'euros et une ampleur de plus de 110.000 m2.
Il s'agit, estime le PDG de Radio France, Jean-Paul Cluzel, "de donner à la radio et au public des espaces de travail et d'accueil dignes du XXIème siècle" et à l'extérieur de "permettre à l'édifice de s'insérer encore mieux dans le paysage urbain et le quartier".
Avec en toile de fond la grève du personnel technique et administratif qui perturbe depuis le 4 avril plusieurs antennes de la radio publique, certaines voix se sont élevées contre "la folie des grandeurs" et l'ampleur "pharaonique" du projet. Mais la direction de Radio France qualifie ces critiques d'"amalgame".
"C'eût été un grand gaspillage d'argent public de reconstruire en répliquant les ergonomies en vigueur il y a 50 ans", affirme Jean-Paul Cluzel.
"La reconstruction est un projet de bon sens. Peut-on imaginer que l'on s'engage dans de tels travaux sans en profiter pour construire un bâtiment dont les conditions de travail et d'accueil du public reflètent l'ambition d'une radio", ajoute-t-il.
Olivier Tinel, architecte ingénieur qui fait partie du comité technique, explique que le défi est de réhabiliter l'intérieur du bâtiment sans avoir à l'évacuer dans sa totalité. "La difficulté, c'est de faire les travaux et de faire tourner Radio France en même temps avec l'aide d'acousticiens qui découperont les travaux par phase", dit-il.