Comme un défi de l'homme lancé à Poséidon, Dieu de la mer… et des séismes.
Imaginez une zone soumise à une intense activité sismique, et comme si cela ne suffisait pas, Eole y fait souffler des vents pouvant atteindre jusqu'à 150km/h.
Dans ces conditions, la réalisation du pont Rion-Antirion fait figure d'exploit et de prouesse technologique. Le secret d'une telle stabilité ? Un système original de fondations reposant à 60 mètres sous le niveau de la mer.
"C'est tout à fait astucieux et totalement innovant comme construction parasismique" décrit Deni Davi, ingénieur à la division des grands ouvrages du Service d'études techniques des routes et autoroutes (Setra). En cas de séisme violent, l'embase des piles devrait se comporter comme une savonette: le sol vibrera avec force, mais elle se déplacera peu. Par ailleurs, le glissement du béton sur le gravier doit permettre de dissiper, par frottement, une part importante de l'énergie sismique introduite dans la structure.
Au final , le palier arbore donc trois travées médianes de 560 mètres chacune et deux travées de 286 mètres aux extrémités, soit un total de 2252 mètres. Une telle longueur lui confère une souplesse, essentielle pour supporter des déformations imposées par un décrochement de 2 mètres en cas de rupture de faille. Tout en autorisant le tablier à se comporter comme une balancelle, les amortisseurs absorberaient une partie des vibrations sismiques, protégeant ainsi les automobilistes d'une dangeureuse cabriole par-dessus bord.