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A Saumur, les réquisitionnés empêchent le chateau de tomber

Publié le 16 juillet 2004

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Cette fois-ci il n’y a eu ni appel d’offres ni consultation. A Saumur, cinq entreprises du BTP ont été réquisitionnées manu militari afin d' empêcher le monument de s’effondrer sur la ville. Une intervention d’urgence sur un château en chantier depuis plus de onze siècles.
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Le château de Saumur pourrait légitimement prendre sa place dans le Guinness des records. Né sur le site d’une place fortifiée romaine, la citadelle qui au IXe siècle était encore un monastère, n’a depuis ce temps jamais vu s’écouler plus de 50 années sans être l’objet d’un chantier.

Au-delà de son rôle dans l’histoire de France, les murs du château de Saumur forment en effet un livre où peuvent se lire onze siècles de l’art de construire. Ce monument des "chantiers sans fin" est né en 966 avec les Guelduin, les premiers seigneurs de Saumur dont l’origine était Danoise. Ils édifièrent aux cotés du monastère de Saint Florent une première maison forte, vraisemblablement située à l'emplacement de l'actuel donjon. Moins de dix ans plus tard, Foulques Nerra s'empare du château et de l'abbaye et les incendie.

C’est le début d’une impressionnante succession de destructions et de reconstructions qui vont marquer le site, souvent plusieurs fois par siècle. Au cours de chaque siècle, chaque fois que la place forte est prise elle est en partie détruite par son conquérant, avant de devenir immanquablement pour lui l’objet d’un obsédant désir de reconstruction. Pour elle, un nombre impréssionnant de grands seigneurs et de rois se sont improvisés architectes. Outre le cas des Ducs d’Anjou, ce fut aussi le cas d’Henri II Plantagenet, de Robert de Turneham, un fidèle de Richard Coeur de Lion, de Jean Sans Terre, de Philippe Auguste ou encore du Roi René qui, possédé par le site, le remodèle complètement.

Mais l’âge et la succession des destructions et des reconstructions anarchiques l’affaiblissent. Derrière son apparente magnificence les structures de la demeure s’affaissent en silence. Au XVIe siècle, aucun grand personnage ne l’habite. Très mal entretenus, les bâtiments se dégradent. Après les combats de la fronde, sans égard pour l’histoire de leurs murs, les militaires en feront une prison puis un bastion. Même à cette époque le château ne cessera jamais d’accueillir sans cesse les compagnons pour de nouvelles transformations.

Au XIXe siècle c’est Napoléon III qui jettera son dévolu sur lui afin d’en faire une prison d’Etat modèle. De 1811 à 1813, l'ingénieur Charles-Marie Normand conseillé par Vavin, un spécialiste en la matière, y dirige des travaux considérables. Ces deux bâtisseurs vont concentrer leur art sur les deux tours dominant la Loire et réussiront à défigurer tout le reste.

En 1889, après un chamboulement général de l’architecture, l'armée abandonne les lieux. L'Etat les revend alors, en 1902, pour la modique somme de 2 600 francs à la ville de Saumur. Celle-ci, sous la houlette de l’architecte Lucien Magne ouvre à son tour un vaste chantier de restauration. Il va durer jusqu’en 1912. Un autre démarré en 1920 sur les tours donnera également naissance à une série de logements HBM. Cette campagne va de nouveau durer plusieurs années. Elle se termine à peine quand les évènements ramènent de nouveau les maçons sur le site.

Au cours des combats de juin 1940, le château est en effet touché par plus de cent obus. On ne sait alors plus quoi faire de la citadelle. Les entreprises vont néanmoins encore y revenir pour un nouveau chantier. Il s’agit cette fois de transformer l’ancienne chapelle en restaurant…

Mais cet ultime remaniement va sûrement déplaire à l’âme des lieux. Par un curieux hasard de date, en 1963, presque mille ans après la première construction, elle semble se venger par une succession de catastrophes. C’est d’abord l'éperon de l'angle Nord-est qui s'écroule sur la montée du Petit-Genève et sur une maison. Puis, après maintes alertes, c’est au tour du haut bastion nord qui d’un bloc, dans la nuit du 22 avril 2001, s’effondre à son tour.

Depuis cette date la menace sur la ville s’est faite plus pressante, au point que le Centre expérimental de recherche et d’études du bâtiment et des TP (CEBTP) surveille en permanence le monument. Or, depuis six mois, à l’image d’un volcan qui s’éveille, le château bouge. Le Ministère de la Culture, son tuteur, vient donc, et c’est un fait très rare dans la profession, de réquisitionner arbitrairement cinq entreprises: Solétanche, Bachy, Hory Chauvelin-Fonteneau, TPPL et Semen TP. Ces cinq entreprises, chacune dans sa spécialité, doivent conduire une vaste et urgente mission de sauvetage du monument afin d’éviter un effondrement d’envergure sur la ville. Cette campagne de plusieurs années démarre aujourd’hui par un «jet grouting» intensif et par la pose de micropieux destinés à conforter la tour ouest. Des travaux suivis à la loupe par le système Cyclops de la société Sol Data.

On ignore si ces interventions seront pour le Seigneur de Saumur l’avènement d’un nouveau chantier de mille ans. Ce que l’on perçoit en revanche, c’est que les Saumurois, très attachés à leur château, semble beaucoup plus redouter sa disparition, que le danger que sa chute présente.


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