Très remontés, des cadres de Sika écrivent au patron de Saint-Gobain
Ceux-ci mettent en cause ce qu'ils considèrent comme une contradiction dans le projet de Saint-Gobain. « Saint-Gobain a affirmé que Sika resterait un groupe indépendant », ont fait valoir les cadres de l'entreprise suisse dans la lettre.
Mais dans le même temps, des synergies sont attendues avec Saint-Gobain qui est également en concurrence avec le groupe suisse, ont-ils poursuivi. « A notre avis, ceci est contradictoire dans la mesure où cela aurait des impacts négatifs considérables sur tous nos employés », ont-ils estimé.
La culture d'entreprise mise en avant
Les cadres de Sika ont mis en lumière que la société est organisée de manière extrêmement décentralisée, ses collaborateurs disposant d'un haut degré d'autonomie. Cette culture d'entreprise a contribué au succès de Sika, lui permettant de gagner des parts de marché et de réaliser une forte croissance.
« D'après nous, Saint-Gobain est à de nombreux égards le contraire », affirment-ils, décrivant le mode opératoire de Saint-Gobain comme « administratif » et « centralisé ».
Une prise de contrôle par le groupe français viendrait perturber cet esprit d'équipe et démotiverait ses collaborateurs, de nombreux cadres ayant fait savoir qu'ils envisageraient de quitter la société si le projet se matérialisait.
« Nous vous demandons par conséquent, M. Pierre-André de Chalendar, de reconsidérer vos projets », ont écrit les signataires de la lettre.
Une réponse à la lettre prochainement
En décembre, Saint-Gobain avait proposé 2,75 milliards de francs suisses (2,3 milliards d'euros au cours de l'époque) à cinq héritiers du fondateur de Sika qui détiennent 16,1% du capital mais 52,4% des droits de vote, lui permettant ainsi de prendre le contrôle du groupe sans lancer d'offre publique d'achat. Mais la direction et une partie du conseil d'administration s'étaient fermement opposés à cette transaction sur laquelle ils n'avaient pas été consultés.
La direction, qui avait menacé de démissionner si l'opération était conclue, a depuis obtenu le soutien de la Fondation Ethos, une organisation actionnariale en Suisse qui représente des fonds de pension.
Mi-janvier, s'y était ajouté un groupe d'investisseurs internationaux qui englobe la fondation Bill & Melinda Gates, la société Cascade Investment L.L.C (également contrôlée par le fondateur de Microsoft) ainsi que les sociétés de gestion Fidelity Worldwide Investment et Threadneedle Investments. « Le PDG de Saint-Gobain Pierre-André de Chalendar a bien reçu la lettre et va y répondre », ont indiqué des sources au sein du Groupe.
A. LG (avec AFP)
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