Saint-Gobain veut prendre le contrôle de Sika malgré ses réticences
Le groupe Saint-Gobain souhaite « s'engager dans une évolution importante de son portefeuille d'activité » avec l'acquisition du contrôle de Sika, leader mondial de la chimie de la construction mais de son côté, le groupe suisse a rejeté l'offre.
Le projet de Saint-Gobain consiste en l’acquisition, pour environ 2,3 milliards d’euros (2,75 milliards de francs suisses), de la holding Schenker Winkler, Holding AG qui détient 16,1 % du capital et 52,4 % des droits de vote de Sika. Après acquisition, le groupe compte consolider Sika par intégration globale dans ses comptes avec un impact positif sur le résultat net dès la première année.
« Saint-Gobain n’a pas l’intention de procéder à une offre sur la totalité du capital de Sika et fait pleinement confiance à la société pour poursuivre son développement », a précisé le groupe dans son communiqué.
« Compte tenu de la proximité des activités de Sika avec les métiers de Saint-Gobain, tant dans les Produits pour la Construction que les Matériaux Innovants ou la Distribution Bâtiment, l’opération devrait générer un montant de synergies de 100 millions d’euros dès la deuxième année (2017), augmenté à 180 millions d’euros par an à compter de 2019. Cette opération sera créatrice de valeur à partir de la quatrième année », avait calculé le groupe.
Pas de « logique industrielle » pour Sika
Mais du côté de Sika, l'offre semble surprendre. « Le conseil d'administration et de gestion du Groupe Sika AG n'ont ni été impliqués, ni consultés dans le cadre de la transaction proposée », écrit le groupe qui n'a été informé que le vendredi 5 décembre.
« Le Conseil ne voit ni la logique industrielle de l'opération, ni des synergies importantes pour Sika. En outre, le conseil d'administration et la Direction du Groupe croient que la valeur actionnariale serait compromise » et que Sika « ne serait pas en mesure de poursuivre sa stratégie de croissance avec succès » dans le cadre de cette offre.
Sika est actuellement le leader mondial de la chimie de la construction et le numéro deux mondial des adhésifs et joints pour ses applications industrielles. Il emploie environ 16 000 personnes dans 84 pays et a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 5 142 millions de francs suisses (environ 4,3 milliards d’euros) avec une croissance moyenne annuelle de plus de 8 % entre 2007 et 2013). Il dispose également d'une forte capacité de développement dans les pays émergents au cours des dernières années (38 % des ventes réalisées en pays émergents).
Une opération au second semestre 2015
La transaction envisagée entraînerait, selon Sika, un changement fondamental. « Contrairement à la famille (Burkard, ndlr.), Saint-Gobain est un investisseur industriel, et de nombreux conflits au détriment des actionnaires publics pourraient survenir ».
La réalisation de cette opération est soumise à l’autorisation des autorités de la concurrence compétentes et est envisagée au plus tard au second semestre 2015 par le groupe Saint-Gobain. Les membres du conseil d'administration et la Direction du Groupe Sika ont d'ores et déjà annoncé leur décision de démissionner après la clôture de la transaction.
Vente de VeralliaLe Groupe Saint-Gobain a également annoncé le projet de lancement d’un processus concurrentiel de mise en vente de Verallia, leader mondial des marchés de l’emballage en verre. Verallia emploie environ 10 000 personnes, est présent industriellement dans 13 pays, et a réalisé en 2013 un chiffre d’affaires de 2,435 milliards d’euros (hors Verallia North America). |
C.T