Le groupe français Saint-Gobain a annoncé disposer de l'ensemble des autorisations antitrust préalables à la prise du contrôle, dans l'impasse depuis près d'un an, du groupe suisse de chimie de spécialités Sika. Cette annonce fait suite à la réception définitive de l'autorisation inconditionnelle de l'autorité de concurrence brésilienne (le CADE) pour l'acquisition du contrôle de Sika.
Le 8 décembre 2014, Saint-Gobain avait dévoilé une offre de 2,75 milliards de francs suisses (2,5 milliards d'euros) à cinq membres de la famille du fondateur de Sika pour racheter leurs parts, qui représentent 52,4% des droits de vote, mais celle-ci s'est depuis heurtée à une vive opposition d'une partie des dirigeants de Sika.
« Cette décision est parfaitement en ligne avec les autres autorisations inconditionnelles que Saint-Gobain a déjà reçues pour cette acquisition, notamment de la part de la Suisse et de la Commission européenne », rappelle le groupe. « Malheureusement, les administrateurs du conseil de Sika ont jusqu'à maintenant maintenu leur opposition à l'opération, outrepassant le cadre de leurs pouvoirs et ce en dépit des tentatives répétées de Saint-Gobain pour trouver un accord », déplore le texte.
L'opération a en effet tourné depuis le début de l'année 2015 à la bataille judiciaire entre les héritiers du fondateur qui souhaitent vendre leur participation au groupe français et les dirigeants de la société suisse, qui s'opposent à l'opération avec l'appui d'investisseurs internationaux, dont la fondation Bill & Melinda Gates et le fonds Cascade Investment (également contrôlé par le fondateur de Microsoft).
Les droits de vote de la famille avaient en particulier été réduits par le conseil d'administration de Sika en avril pour faire barrage au groupe français.
Le groupe Sika toujours opposé
Le groupe suisse a expliqué qu'il s'attendait à ce que cette Commission donne son feu vert à l'opération dans la mesure où le marché du mortier, où Saint-Gobain et Sika sont en concurrence, reste très fragmenté. « Il était clair que la Commission autoriserait cette transaction dès le départ », a réagi Dominik Slappnig, son porte-parole, par courriel.
L'aval des autorités de la concurrence n'est toutefois qu'une partie de la question, a-t-il fait valoir. « Le seul facteur pertinent est la décision sur les droits de vote du tribunal cantonal de Zoug », a-t-il affirmé. Jeudi, le groupe suisse a avait adressé un courriel aux actionnaires de référence de Saint-Gobain pour réaffirmer son opposition au projet de prise de contrôle.
Le groupe français indique qu'il « attend respectueusement et avec confiance que les tribunaux suisses permettent à la holding des héritiers du fondateur de regagner ses droits de propriété et de finaliser l'opération ». Saint-Gobain a prolongé l'accord avec la famille ainsi que ses contrats de couverture de change et est « résolument déterminé à poursuivre cette opération créatrice de valeur pour les deux groupes », assure le communiqué.
(Avec AFP)