Marchés publics: l'accusation ébranle les dénégations des chefs d'entreprise
responsables d'entreprise dans l'affaire de corruption politico-financière des
marchés publics des lycées de la région Ile-de-France, lundi devant le
tribunal correctionnel de Paris.
Danielle Piaud, directrice commerciale de la SCGPM SPIE, a reconnu que sa société "avait satisfait aux demandes" de AED "deux fois pour 100.000 FF" dans le cadre du financement légal des partis autorisé par la loi de 1990.
Selon l'enquête, ces financements étaient en réalité illégaux car en lien direct avec l'attribution des marchés.
"Je savais qu'il était membre de la commission d'appels d'offre mais nous l'avons financé parce qu'il était représentant d'un parti", a déclaré la prévenue (61 ans), poursuivie pour entente et corruption.
"Je n'ai pas vu de lien entre l'attribution des marchés et le financement des partis", a-t-elle assuré.
Le procureur a alors fait remarquer que la date de l'un des deux chèques de 100.000 FF, le 12 décembre 1994, était aussi celle à laquelle la commission des marchés avait attribué un lycée à cette société.
Danielle Piaud a, par contre, reconnu l'entente entre les grands du BTP pour se répartir les marchés de lycées, ce qu'a nié un autre chef d'entreprise, entendu avant elle.
Gérard Pendariès, un directeur de SAEP (groupe Eiffage) a récusé le terme d'entente, pour lequel il est poursuivi.
Il a toutefois reconnu avoir participé à des réunions entre entrepreneurs pour échanger des informations et "faire part à ses concurrents de ses motivations" sur tel ou tel marché. "Qu'est-ce qui l'interdit ?" a-t-il lancé au procureur.
"La loi", a tranché le magistrat, avant de se rasseoir.
47 prévenus, chefs d'entreprise et politiques, sont jugés lors de ce procès qui doit se poursuivre jusqu'en juillet.