Bourse: la générosité de Bouygues et Microsoft pourrait faire des émules
par Bouygues d'un dividende exceptionnel représentant 19% de sa capitalisation boursière, une semaine après un geste identique de l'américain Microsoft, et tablent sur d'autres accès de générosité des sociétés les plus solides.
Pour preuve, l'analyste souligne que le ratio d'endettement restera léger: 54% des fonds propres à fin 2004, contre 28% aujourd'hui. La réduction des fonds propres permettra même de doper leur rendement, estime Merrill Lynch.
"Bouygues est bien noté par ses créanciers, toute faiblesse du prix de ses obligations susciterait une demande", confirme l'analyste crédit d'ABN-Amro. Le champion français des diversifications réussies (télévision, pétrole, téléphone mobile) est également applaudi -- paradoxe-- pour un choix qui "réduit les risques d'investissement hasardeux", note Exane BNP Paribas.
Bouygues a justifié ce choix "par sa logique de recentrage", un geste "autrement mieux reçu" que "l'investissement avorté dans la Socpresse" observe Laurent Balcon, chez Global Equities.
Chez SG Securities, Thierry Cota évoque aussi "les projets avortés de la Socpresse", le dividende de Bouygues illustrant la "contradiction" entre les "incertitudes stratégiques" et une "excellente performance opérationnelle".
"Bouygues attendra probablement 2006 pour avoir d'autres opportunités d'investissement", remarque un gérant de fonds. "D'ici là, il soigne ses actionnaires familiaux et stratégiques".
Les investisseurs estiment que d'autres grandes sociétés pourraient donner des gages de leur prudence, en versant aussi un dividende exceptionnel.
"Le prochain sera peut-être l'Oréal, qui a un bilan (financier) solide, une activité très rentable et ne procède qu'à des acquisitions de montant modeste", remarque l'analyste d'une société de gestion.
L'américain Microsoft avait montré la voie en annonçant le 20 juillet le reversement à ses actionnaires, sur quatre ans, de 75 milliards de dollars, le quart d'une capitalisation de 300 milliards de dollars.
Un exemple à suivre par les sociétés "dégageant des liquidités importantes et disposant d'une trésorerie excédentaire", estime un analyste.
"Concrètement, il y a beaucoup plus de chances d'en bénéficier dans la pharmacie, les télécoms ou les logiciels", détaille-t-il. Chez Standard and Poor's, Howard Silverblatt estime que 2004 sera un millésime record pour les dividendes américains, avec 180 milliards de dollars (le double du montant de 1994), grâce à une fiscalité plus avantageuse et aux trésors de guerre amassés par nombre de grandes sociétés.
"Dans le cas de Bouygues ou Microsoft, il s'agit de sociétés dont le cours se tenait déjà très bien", remarque Stéphane Chaussat, gérant du fonds Tricolore Rendement, chez Edmond de Rothschild Asset Management, alors que les dividendes élevés étaient jusque ici plutôt versés par les sociétés délaissées.
Selon le gérant, les sociétés familiales sont "les investissement les plus sûrs en matière de dividendes". Ce sont aussi les plus prudentes en matière d'investissement, comme l'a montré Bouygues au moment des licences de téléphone mobile de troisième génération, remarque un analyste.